Comment l’écriture impacte votre développement personnel ?

Des premières inscriptions sur les tablettes d'argile en 3000 avant JC jusqu'aux blogs et articles en ligne que nous connaissons aujourd'hui, l'acte d'écrire a fait un sacré chemin ! Le changement s’est opéré tant dans la forme que par sa fonction. Initialement, il s’agissait d’une invention utilitaire destinée à savoir qui devait quoi à qui. L'idée de recourir à l'écrit pour transmettre des histoires, connaissances ou émotions était inimaginable, voire superflue. Mais une fois que les alphabets sont entrés en jeu, tout a changé. Aujourd’hui, apprendre à lire et à écrire est devenu un marqueur d'éducation mais aussi un outil d'émancipation, ouvrant les portes à la philosophie, la science, l'histoire et la littérature. Plus qu’un simple moyen de communication ou un registre de la mémoire collective; c’est un élément central du processus d'apprentissage. À travers cet article, nous étudierons de quelle façon l’écriture peut booster votre bien-être et vous aider à grandir. Alors, stylos en main, et c’est parti !

L’écriture et sa perception

Avant d'aborder l'impact de l'écriture sur le développement individuel, penchons-nous sur ce que l’on peut penser d’elle.

• Écrire est consommateur de temps.

L'émergence des assistants vocaux comme Siri, Alexa, entre autre et l’utilisation des fonctionnalités de reconnaissance vocale semblent pointer un besoin latent de gagner du temps, un besoin que l'écriture ne comble pas toujours. L'écriture, est-elle plus chronophage que la parole ? Peut-être bien ! Elle nécessite en effet d’y consacrer plus de temps que la parole mais pourtant nous continuons d’opter très souvent pour ce mode de communication. Mais alors qu'est-ce qui nous pousse à coucher nos idées sur papier ou à envoyer des sms et e-mails quand un simple appel ou regard pourrait suffire ?

• Écrire exige un effort.

Écrire requiert une organisation méticuleuse des pensées, une planification du message dans sa globalité et une attention particulière aux besoins et attentes du destinataire. En somme, son action mobilise plusieurs compétences complexes simultanément, faisant ainsi de l’écriture un exercice mental exigeant. Mais cette perception de l’écriture associait à l’effort n'a pas toujours été la norme. Dans l'Antiquité par exemple, l'acte d'écrire était souvent associé à une mémoire défaillante ou à un manque de capacités cognitives, nous faisait remarquer Aude Guéneau, fondatrice de l’application d’écriture Plume, destinée aux enfants dont nous parlerons plus en détails dans la suite de l’article.

• Écrire, c'est se cacher.

À cela, l’écriture a pour particularité d’offrir un voile de protection à son auteur. En effet, elle peut donner à celui-ci le courage de dire ce qu'il n'oserait pas dire en face-à-face. Elle peut en fait lui servir de refuge, d’espace où il peut exprimer ses pensées et émotions sans le jugement immédiat que pourrait apporter une interaction directe.

• Écrire, c'est se dévoiler.

Paradoxalement, l'acte d'écrire peut aussi être associé à un acte d'ouverture, à une fenêtre sur l'âme pour le dire de façon plus poétique. Chaque mot choisi, chaque phrase construite, chaque idée partagée représente une partie de nous-mêmes que nous laissons entrevoir.

Les bienfaits de l’acte d’écrire

Si écrire est à la fois une dépense de temps, un exercice de réflexion, un voile derrière lequel se cacher mais aussi une manière de se dévoiler, qu'est-ce qui nous incite à prendre la plume, à taper sur un clavier, à consacrer de précieuses minutes de notre vie à cet acte ? Pourquoi un intérêt pour l’écriture ? C'est ce que nous allons explorer avec les avantages que l'écriture peut apporter au développement des individus.

• Mieux apprendre

L'écriture représente tout d’abord un outil pédagogique exceptionnel. Ce n’est pas anodin si dans l’enseignement en primaire, dans le secondaire et dans le supérieur, les élèves et étudiants sont invités à prendre des notes de leurs cours sur papier ou devices. La rédaction améliorerait la rétention de l'information et faciliterait la compréhension de concepts complexes. Par la formulation d’idées en mots, on intégrerait les concepts plus durablement dans notre mémoire. Lorsque nous avions interrogé, Aude Guéneau, fondatrice de Plume, celle-ci nous faisait remarquer la dimension épistémique de l’écriture, c’est-à-dire sa capacité à faire apprendre, surtout présente chez les enfants. Mais dans l’écriture, il convient de différencier l’écrit sur papier de celui sur devises. L'une des études de Mueller et Oppenheimer, publiée en 2014, avait comparé la rétention de l'information lors de la prise de notes des étudiants sur un ordinateur par rapport à la prise de notes à la main. Ils en étaient arrivés à la conclusion que les étudiants qui prenaient des notes à la main avaient une meilleure rétention de l'information et une meilleure compréhension des concepts, même si la prise de notes à la main était plus lente.

• Organiser ses idées

Que ce soit pour un projet professionnel ou une décision personnelle, l'écriture permet d'organiser ses pensées de manière logique et cohérente. La rédaction d'un plan par exemple, peut aider à établir des priorités et à identifier des étapes concrètes pour atteindre un objectif. Par ailleurs, l’écriture a cet avantage de pouvoir être associée à des symboles, des dessins ou des schémas. Les Mind Mapping, ces cartes mentales permettant de représenter visuellement ses idées, sont des exemples parfaits pour démontrer que l’écriture contribue à l’organisation de ses idées.

• Prendre du recul

Écrire est l’occasion de réfléchir et de prendre du recul sur les situations de la vie. En effet, le fait de consigner ses pensées sur papier oblige l’individu à ralentir, à évaluer les circonstances et à voir le monde sous un autre angle. Imaginons une dispute avec un ami; plutôt que de réagir à chaud, la rédaction d'une lettre pour exprimer ce que l’on pense et ressent (que l’on est libre d’envoyer ou non), peut permettre à son auteur d'analyser les événements et ses émotions avec clarté. L’écriture va ici lui offrir une pause, un temps pour formuler ses pensées, pour éclairer des solutions que l’agitation immédiate avait masqués.

• Développer sa créativité

Quand nous écrivons, nous explorons des territoires inattendus de l'imagination. L'écriture va élargir nos idées, les nourrir, nous rendre plus inventifs. Pensez aux fois où vous écrivez sur un sujet précis et où soudainement, vous êtes frappé par une idée voire plusieurs idées qui surgissent et qui ne sont pas forcément en lien avec ce que vous écrivez.

• Libérer ses émotions

Enfin, l’écriture peut servir de catharsis. On pense ainsi au journal intime, à la poésie ou même la simple rédaction d'une lettre jamais envoyée. Mettre des mots sur des émotions ou des idées profondément ancrées peut être libérateur pour l’individu et lui apporter un sentiment de soulagement. Écrire notamment sur des expériences traumatisantes ou difficiles peut être un moyen efficace d'apporter un certain apaisement et même de contribuer au processus de guérison. Certaines méthodes, comme l'écriture expressive, sont même utilisées en psychothérapie pour aider à la résolution de problèmes émotionnels.

Développer le plaisir d’écrire

Au-delà des bienfaits précédemment cités, l’écriture peut s’avérer être une source de plaisir et de satisfaction personnelle. La question est de savoir comment passer du stade où l'écriture est une nécessité à celui où elle devient un véritable plaisir ? Nous vous partageons des méthodes pour cultiver le goût de l'écriture.

• En lisant

La lecture est un premier pas vers l’amour de l’écriture. Elle permet d’améliorer sa concentration, de développer un vocabulaire plus étendu, de nourrir son imagination, de renforcer son empathie et d’élargir sa compréhension du monde. Et dans une certaine mesure, elle peut donner envie d’être de l’autre côté et d’écrire à son tour !

• En choisissant une thématique et une forme que l'on aime

Il est plus facile de développer une envie d’écrire lorsque l’on traite de sujets qui nous passionnent. Pensez aux lettres de motivation. Lorsque le poste nous plaît réellement, cela se ressentait dans nos écrits. Nous sommes plus précis, plus sincères, plus originaux et ne voyions même pas le temps passé. On expérimente en fait la loi de Fraisse : celle-ci soutient que parce que nous prenons du plaisir à réaliser une tâche, le temps semble se suspendre. Alors que l’on pense que deux minutes se sont passées, c’est en réalité trente minutes qui se sont écoulées. Donc si vous souhaitez vous lancer dans l’écriture d’un contenu long, commencez par un sujet que vous aimez. Au-delà de la thématique qui se doit de vous plaire, la forme doit vous convenir également. Il existe une multitude de styles et de genres. Certains préféreront la forme du journal intime, d’autres celui plus court des posts réseaux sociaux, d’autres encore la musicalité des phrases avec les poèmes. L'important n'est pas tant la longueur ou l’image renvoyée par les formes d’écriture mais la satisfaction qu’elle peut vous apporter.

• En restant soi-même

Si des auteurs peuvent vous inspirer, vous aider à débuter votre projet d’écriture. Bien sûr, il ne s’agit pas de les copier mais de trouver le style d’écriture qui vous convient. De la même façon que chacun a sa personnalité, chacun possède son style d’écriture, sa ligne éditoriale. Pensez aux messages que vous recevez de la part de vos proches. Parce que vous les connaissez très bien, vous seriez tout à fait capable de reconnaître le destinataire, si on vous cachait le nom. Les tics de langage se reflètent dans nos écrits.

• En commençant par des rédactions courtes

Si l'idée d'écrire un contenu long vous semble trop intimidante, pourquoi ne pas commencer par des histoires plus courtes ? La méthode Kaizen, qui prône l'amélioration continue par de petits pas, peut être une excellente manière de se lancer. Pour écrire un roman de 300 pages, il faut déjà commencer avec une page !

• En encourageant plutôt qu’en sanctionnant les fautes

Pointer du doigt les fautes d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, de syntaxe est en principe réalisé dans une démarche bienveillante d’amélioration mais elle peut générer de l’anxiété chez son destinataire et finalement ne plus lui donner envie d’écrire. Quel dommage que la peur de commettre des fautes et d’être sanctionné puisse décourager. Il faudrait surtout encourager celui qui se lance dans un projet d’écriture, le féliciter pour ses idées, dissocier la forme du fond.

• En oubliant l’auto-censure

De très bons écrivains (qui le sont ou qui ne le soupçonnent même pas) peuvent se sanctionner dans leurs idées et se limitant dans leurs écrits par peur du regard des autres. “Ce que je pense ne représente pas la pensée de l’opinion publique”, “Ce que je pense n’est pas politiquement correcte”. L’auto-censure gêne encore trop d’écrivains en herbe, dont les idées mériteraient d’être connues.

• En proposant des ateliers d’écriture

Pour développer le goût de l’écriture, il y a également des programmes spécifiques, qui peuvent vous guider dans les processus de rédaction. L’application d’écriture Plume par exemple, destinée aux enfants de 7 à 14 ans, invite les plus jeunes à créer leurs propres histoires au travers un cadre structuré et interactif. La fierté de partager leur création à leur famille, amis ou professeurs les boostent dans leur projet d’écriture et rendent l’écriture une activité agréable pour eux.

• En échangeant avec des personnes qui aiment écrire

Échanger avec des personnes qui ont des étoiles plein les yeux lorsqu’ils vous parlent d’écriture, pourraient vous contaminer et vous donner le goût de l’écriture. En effet, ces individus inspirants peuvent vous partager de précieux insights sur leur processus créatif, leurs succès et leurs échecs et vous faire prendre conscience que finalement vous aussi vous être capable d’écrire.

• En développant le plaisir d’écrire dès l’enfance

Inculquer l'amour de l'écriture dès le plus jeune âge peut avoir des retombées positives tout au long de la vie. Les habitudes prises tôt sont souvent celles qui durent.