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Comment maintenir l’attention des étudiants et les rendre acteurs de leur propre apprentissage ?
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Il n’est pas rare en formation, et même dans tout secteur, de constater une baisse d’attention au fur et à mesure de l’avancée de la journée. Des participants peuvent sembler distants, passifs, difficiles à mobiliser alors même qu’ils font la démarche de participer à un module de formation. Est-ce donc un problème de motivation ? A priori non. Selon John Medina, professeur à l’université d’État de Washington et biologiste du développement moléculaire, le taux d’attention d’un adulte diminuerait de 80 % au bout de 10 minutes. Et oui, scientifiquement, il est prouvé qu’il est difficile de maintenir l’attention d’une personne dans le temps, une donnée à intégrer dans le cadre de nos métiers.
Si l’émetteur d’un message est évidemment responsable du contenu qu’il transmet, il l’est également de la manière, et même DES manières, dont il le transmet.
Comme l’amène la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner, les individus fonctionnent selon des canaux d’intelligence privilégiés, donnant lieu à une capacité d’apprentissage propre.
Pour lui, il existe 7 types de capacité qui permettent à une personne d’évoluer dans son environnement :
Aussi à la lumière de cette théorie, comment envisager vos prochaines sessions de formations, de réunions ou d’animations pour in fine maintenir l’attention d’étudiants ou collaborateurs ?
Dans le cadre de notre activité, notre équipe SEVEN est régulièrement amenée à former, animer des séminaires ou coacher des groupes. Ces sessions nous confrontent inévitablement à cette question de transmission et entre autres lors du startup shaker de l’Essec, un programme entrepreneurial mené depuis 7 ans par l’établissement.
A l’occasion de cet événement, notre objectif en tant que formateurs est d’amener chaque étudiant à comprendre les enjeux de l'entrepreneuriat, une discipline par définition multiple et reposant plus que jamais sur la capacité de l’étudiant à s’emparer du sujet.
Cette expérience du startup shaker nous a d’autant plus forcé à réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour maintenir l’attention des étudiants, bien que l’on puisse également faire l’exercice dans un cadre professionnel.
Plutôt qu’un xieme cours de 30 heures en amphis, loin de l’exercice de l’entrepreneur, il a été décidé de créer un atelier de 33 heures alliant toutes les méthodes pédagogiques pour faire vivre une expérience d’apprentissage inoubliable aux étudiants.
Pour créer ce moment unique à l’ESSEC et maintenir l’attention d’un maximum d’étudiants, nous avons coordonné plusieurs approches, en somme créer une ingénierie pédagogique sur-mesure.
Ainsi, les étudiants ont pu :
Complètement immergés pendant ces 36 heures, débarrassés de toutes contraintes logistiques, dédiés à 100% à leur projet, les étudiants ont pu appréhender l'entrepreneuriat de manière rythmée et à travers différentes modalités de transmission.
Revenons à notre théorie des intelligences multiples... l’objectif de cette ingénierie pédagogique était bien de s’assurer que TOUTES les formes d’intelligence de nos étudiants aient été activées durant le boot camp. Nous allons vous partager les exemples démontrant que chaque forme d’intelligence a été exploitée.
Concernant l’approche rythmique, nous avons mobilisé les personnes qui y étaient sensibles à travers des sessions extrêmement timées. Les temps des top-downs étaient condensés et assortis de temps de pratique qui ne dépassaient pas une heure. Cet enchaînement de propositions rapides maintenait le niveau d’attention.
Les étudiants enclin à l’apprentissage interpersonnel ont pu bénéficier de multiples temps de rencontre et d’échanges avec leurs groupes, leurs coachs, les experts mobilisés et même les potentiels clients qu’ils interviewaient, pour créer leur service.
A contrario, les personnes plus en lien avec leur intériorité, ont eu besoin de revenir sur ce qu’ils vivaient pour faire avancer leur compréhension d’un sujet. Ils se sont alors appuyés sur les différents débriefs et feedbacks constructeurs des encadrants.
Sont venus le tour des “verbo-linguistiques”, qui excellent dans la préparation de pitchs et la prise de parole. En prenant la responsabilité de présenter le projet devant leurs groupes, puis face à tous les étudiants, entreprises et formateurs, ils se sont appropriés l’exercice et se sont sentis confortables.
A ce sujet, nous proposons un atelier Prendre la parole en public pour encourager chacun à être plus à l’aise dans sa communication extérieure et être fier de soi.
Les participants ayant des facilités en logique et mathématiques étaient d’une aide précieuse lors des temps de confrontation dans les équipes. Capables d’extraire les éléments, ils établissaient facilement les liens de cause à effet.
Pour ceux qui passent par le corps, c’était justement l’intensité soutenue du boot camp, qui leur permettait d’appréhender l’expérience. En effet, grâce à l’effort physique à fournir sur un temps plus longs que leurs phases d’éveil habituelles, ils se sont en quelque sorte, dépasser physiquement.
Enfin, pour ceux qui privilégient le spatial, un effort particulier a été fait tout au long de l’atelier pour ne proposer que des slides impactantes. En créant les bons ressorts visuels dans leur mémoire, ils inscrivaient dans la durée les apprentissages du startup shaker.
Le succès de cet exercice, mis en place depuis déjà 7 ans au sein de l’ESSEC, repose sans aucun doute sur notre souci d’adresser chaque participant dans sa propre capacité d’apprentissage, dans sa propre intelligence. C’est parce que chaque étudiant était plus ou moins sensible à une ou plusieurs formes d’intelligence, que chacun a pu trouver la méthode qui leur convenait le plus pour finalement garder en éveil leur attention et donner le maximum sur les épreuves qu’ils avaient
Un exploit d’autant plus remarquable cette année avec la crise du Covid. En effet, si nous arrivons à maintenir ce type d’évènement, avec cette visée pédagogique, malgré les contraintes sanitaires actuelles, sur quels autres aspects d’éducation l’ingénierie pédagogique peut-elle être une réponse aux changements dans le monde de la formation ?
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