JOMO (not FOMO) ou joie de tout louper : comment adopter cette philosophie ?

Développement personnel

Réflexion

15 Mars 2022

Le JOMO dont le nom laisse plutôt penser à un jeu de société ou à une tentative ratée en Scrabble, est en réalité l’acronyme de “Joy of Missing Out”, soit en français “la joie de manquer quelque chose”. Vous pratiquez le JOMO si vous loupez un événement, une actualité ou une information importante, que les incidences ne vous atteignent pas, que vous ne vous souciez pas des réactions des autres, ni de leur jugement.

Par exemple, on dira de vous que vous êtes amateur de JOMO (formulé comme ça, cela ressemble vraiment à un jeu de société), si vous ne vous rendez pas à une soirée entre collègues et êtes content de rester chez vous, de préparer à manger, de vous poser sur votre canapé pour y lire votre bouquin préféré ou tout simplement vous détendre. Dans cette situation, vous vivez à un rythme plus lent, vous vous concentrez sur le moment présent et pratiquez le “JOMO” sans même le savoir (car les vrais adeptes du JOMO ne connaissent pas ce terme le plus souvent) !

Pourquoi le JOMO est-il né ?

Pour s’opposer au FOMO

  • Renforcé par l’hyper-connectivité

    Pour expliquer le concept de JOMO, il nous paraissait important de rappeler la nature de son cousin : le FOMO (= Fear of Missing Out) soit “la peur de manquer quelque chose”. Il a d’abord été exposé en 1996 par Dan Herman, un expert en marketing qui soulignait l’angoisse des individus de rater quelque chose. Si cette peur existait bien avant 1996, elle s’était vite agrandie avec l’avènement des réseaux sociaux, le développement des applications et la mine d’informations rendues accessibles sur Internet.

    Une étude britannique réalisée par Tecmark sur un panel de 2000 personnes, révélait même que ces derniers consultaient en moyenne 221 fois leur smartphone par jour. Un chiffre démontrant l’utilisation exagérée et soutenue des smartphones par les individus et indirectement leur addiction pour ces outils.

    Cette peur se développe à mesure que nos canaux de communication augmentent ! Voyez comment nous échangeons différemment et adoptons un levier plutôt qu’un autre suivant que notre interlocuteur soit un collègue, un partenaire, un client, un ami, un membre de notre famille, un(e) conjoint(e)... Mail, MP Instagram, message What’s App, sms, appel, message vocal, message slack... Nous avons l’embarras du choix.

  • Renforcé par le besoin de récompenses

    Recevoir des likes, des messages, des commentaires stimuleraient en fait la sécrétion de dopamine : hormone naturellement créée dans le corps humain lors d’un “plaisir immédiat”. Si nous sommes nombreux à craquer pour un (ou plusieurs morceaux de chocolat), c’est parce que l’on sait que les dévorer nous procure un bien-être immédiat. C’est le même mécanisme qui se déclenche avec les situations de FOMO. Ayant si peur de louper quelque chose, dès lors que nous recevons une information tant attendue, notre cerveau la considère comme une récompense. Nous sécrétons alors de la dopamine et nous en redemanderont encore !

  • Renforcé par le besoin de récompenses

    Le FOMO repose sur une pression sociale. “Je vois que mon manager m’a envoyé un message durant le week-end. Et si en ne prenant pas connaissance du contenu du mail, je passais à côté d’une information utile pour démarrer ma semaine ? ”; “Je vois qu’un recruteur a essayé de me joindre pendant mes vacances. Et si je laissais passer ma chance en le contactant seulement une semaine après ?”; “Je vois qu’une actualité chaude pourrait faire l’objet d’une réunion d’équipe. Et si en omettant de la reporter, je perdais une occasion de captiver mes troupes ?”

    Avoir peur de rater quelque chose, c’est imaginer les pires situations qui pourraient se produire si on agissait d’une certaine manière. Le plus souvent, il s’agit de situations dans lesquelles nous pourrions être mal jugé(e). En fait, avoir peur de rater quelque chose, c’est adopter une vision axée sur les inconvénients, les limites ; c’est donc porter le chapeau noir d’après la théorie d’Edward de Bono. Celui-ci matérialise 6 principales façons de penser à une couleur différente. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur cet article de la pensée latérale.

Pour se déconnecter

  • En faisant ce que l’on aime vraiment

    En 2012, un entrepreneur américain du nom d’Anil Dash emploie pour la première fois la notion de JOMO. Ce terme, qui syntaxiquement ressemble à l’accronyme FOMO, se différencie de celui-ci par sa première lettre (avec le J pour “Joy”) affectant le sens de l’expression initiale FOMO.

    Concrètement, le JOMO encourage la pratique d’activités qui nous plaisent vraiment comme des activités relaxantes (lire, méditer, écouter de la musique...), affectives (passer du temps avec ses enfants, discuter avec son meilleur pote, rendre visite à ses parents ...) sportives (courir, jouer du footbal, ...) ou liées à des passions personnelles (dessiner, chanter, jouer de la guitare ...). Ce sont des moments où l’on prend du temps pour soi et nous coupons des informations émanant de l’extérieur. Le JOMO est une philosophie de vie qui se concentre sur l’essentiel : sur soi !

  • En prenant son temps

    Le JOMO, c’est le retour à un style de vie dans lequel on prend son temps, profitons de l’instant présent, acceptons de ne pas répondre à la minute près aux messages de son entourage, de ne pas être le premier au courant des dernières nouveautés. Le JOMO se rapproche sensiblement du “slow life” : un mouvement initié dans les années 80 favorisant un ralentissement du rythme de vie. Il a donné naissance entre autres au “slow tourisme”, au “slow food” ou au “slow cosmétique”. Ce concept vient faire l’éloge à la lenteur.

Quelles actions pour vivre pleinement le JOMO ?

Se créer des habitudes de déconnexion

Si vous avez pour habitude de vivre à mille à l’heure, le passage d’un rythme de vie effreiné au tout “JOMO” risque d’être brutal, tant l’écart est contrasté. Pour vous l’approprier en douceur, le mieux, est de mettre en place des actions pour progressivement vous déconnecter. Vous pouvez débuter avec une courte période. Essayez par exemple : 2 heures de déconnexion 2 soirs par semaine. 2h 2 soirs, plus facile à retenir !

Au cours de ces moments, vous coupez l’ensemble de vos notifications, ou éteignez votre portable ou encore vous éloignez de votre appareil. Pendant ce temps de déconnexion, vous pratiquez une activité calme qui vous procure du bien, vous vous plongez dans la pénombre. À vous ensuite d’observer les effets de cette nouvelle routine. Comment vous sentez-vous après ces deux heures de déconnexion ? Constatez-vous des répercussions positives sur la qualité de votre sommeil ? Observez-vous une évolution sur votre épanouissement personnel ? Souhaitez-vous réduire le rythme de déconnexion ou au contraire l’augmenter ?

Adopter une vision orientée “opportunités”

À la lecture de cet article, peut-être percevez-vous le JOMO de façon négative car vous le jugez incompatible avec votre quotidien ou ne croyez pas aux bénéfices pouvant être dégagés ? Ou peut-être que ce rythme de vie vous tente, car vous y voyez une occasion de vous retrouver et d’être plus serein(e) ?

Suivant la vision adoptée, c’est une opinion plus ou moins favorable du JOMO qui se créé. Si l’on s’appuie sur la pensée latérale d’Edward de Bono, théorie dans laquelle ce spécialiste en sciences cognitives expose six principales façons de voir le monde, on pourrait rapprocher l’appréciation (ou non) du JOMO avec les chapeaux noirs ou jaunes. En effet, pour favoriser la mémorisation de ce concept, de Bono associe une couleur à chacune des visions. Ainsi, il explique que lorsque nous portons un chapeau “noir”, nous observons en fait les limites, les risques d’une situation; et pensons aux pires situations pouvant se produire. À l’inverse, lorsque nous portons le chapeau “jaune”, nous voyons en chaque situation les conséquences positives et acceptons plus facilement les changements.

Ne ps avoir peur de se retrouver seul avec ses pensées

Pour certains, le JOMO peut s’avérer effrayant dans le sens où il nous pousse à nous reconnecter avec nous-mêmes : exercice pouvant être plus ou moins facile pour certaines personnes. De plus, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de réaliser des temps d’introspection, passer plus de temps avec soi, pourrait déstabiliser certains qui y verrait un vide.

L’intelligence intra-personnelle, c’est-à-dire la capacité à se connaître soi-même, à écouter ses propres besoins et sentiments se travaille. Plus on la développe, plus on se sent à l’aise et plus on prend du plaisir à se retrouver avec soi. C’est comme pour le sport, le plus dur est de se lancer !

Les limites du full JOMO

Selon votre mode de vie en perso ou dans votre travail, le full JOMO se prêtera plus ou moins. Vous adorez la saga “Stars Wars” et avez intégré une association dans laquelle tous les fans se retrouvent une fois par semaine pour échanger sur leur sujet de prédilection. Vous rendre à des réunions collectives sans avoir vu l’ensemble des films, ni ses dérivés pourraient augmenter les risques de vous faire spoiler !

Autre exemple : vous êtes Community Manager pour une grande marque de mode et n’êtes pas à l’affût des nouveautés de l’algorithme Instagram, ni même des dernières tendances dans le milieu de la mode, vous risquez d’être embêté(e) pour une bonne réalisation de votre travail. Toujours pour garder le profil du Community Manager : vous avez programmé vos posts Instagram, LinkedIn et Twitter deux mois à l’avance. Or, une actualité imprévisible rend inappropriée la diffusion de vos contenus digitaux, rédigés il y a deux mois deçà. Si vous êtes tenu(e) au courant de l’événement assez tôt et réagissez vite, vous pouvez déprogrammer vos posts (ou les reporter à plus tard) et ainsi en créer de nouveaux, adaptés au contexte actuel.

Vous êtes directeur de castings pour des films et n’avez pas assisté à des pièces de théâtre en trois ans, peut-être avez-vous loupé des perles et manqué l’occasion de débaucher un très bon acteur. Cela veut-il dire qu’il est impossible d’être directeur de casting sans se rendre au théâtre ? Non, mais du moins que cette action favorise les chances de répondre plus finement aux demandes des réalisateurs. Nous n’affirmons pas qu’avoir du succès dans son métier repose exclusivement sur une connaissance poussée de son milieu ou une maîtrise des codes de celui-ci, mais que récolter des informations peut agir comme un véritable plus.

Et vous, êtes-vous prêt à vous jomoïser, ne serait-ce que quelque temps ? De nombreuses personnalités ayant pour habitude d’être régulièrement connectées, craquent parfois pour des instants JOMO. La raison (ou plutôt les raisons) : les bienfaits qu’une coupure digitale comme une détente, une redécouverte de soi-même, une pratique d’activités leur faisant vraiment plaisir, une absence de pression sociale, ...

Le 13 septembre 2021 par exemple, l’influenceuse, youtubeuse et blogueuse, Léna Mahfouf avait annoncé qu’elle quittait les réseaux sociaux sans donner la raison de son départ. “Au revoir internet, à bientôt” avait-elle écrit en légende sur son post. Malgré tout, un petit indice sur la raison de son départ, avait été laissé sur son compte Instagram avec l’émoji montagne placé sur sa biographie. À la suite de 9 jours d’absence, Léna était revenue sur les réseaux. Elle illustrait alors la raison de son absence en ligne par des photos de son l’ascension du Kilimandjaro avec son conjoint.

Chacun est libre de l’appliquer en fonction de ses envies et de ses possibilités, car certains modes de vie ne vont pas de pair avec adoption full JOMO. Le bon dosage est peut-être la clé ?

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